5 novembre 2024
Apprendre à comprendre : WattEd, l’art de démocratiser les enjeux liés à l’énergie
Cédric Junillon (Fondateur) et Jérôme Castella (Associé), viennent d’horizons différents mais partagent une même passion pour la sensibilisation aux enjeux énergétiques et climatiques.
Cédric, ingénieur EPF en micro-robotique et ancien sportif de haut niveau, cherchait un nouveau défi à la hauteur de son énergie.
De son côté, Jérôme, issu du secteur industriel, a progressivement réorienté sa carrière vers l’action climatique après avoir pris conscience de l'importance des enjeux énergétiques et environnementaux. Sa volonté de mieux comprendre ces problématiques l'a conduit à s'engager pleinement dans la sensibilisation et l'éducation sur ces sujets.
Forts du constat que la sensibilisation à grande échelle est une étape indispensable à l’atteinte des objectifs de la transition énergétique, Cédric a décidé de créer WattEd. L’objectif ? former largement aux enjeux complexes de la transition énergétique, des plus jeunes jusqu’aux grands patrons, pour encourager les prises de décisions éclairées.
Cédric Junillon (fondateur) de WattEd
(photographie : Anaïs Salson)
Rendre la science accessible dans un monde d’opinions
Pour Cédric, une partie du défi de la sensibilisation aux enjeux de l’énergie peut s’expliquer ainsi : "À l’époque des réseaux sociaux, tout le monde a un avis. C’est flagrant par exemple sur le sujet de la voiture électrique. Mais le niveau de compétence reste souvent faible,car il faut du temps pour atteindre une véritable expertise. Pour parvenir à une compréhension approfondie, il faut y consacrer des années d’études scientifiques, lire de longs rapports, fatalement, peu de gens vont faire cela.
Et après on a des gens qui ne connaissent absolument rien mais qui veulent à tout prix afficher leur avis et prennent beaucoup de place. Du coup, je me suis dit, si le sujet peut intéresser largement, je pourrais aider à le vulgariser de manière sympa pour tous publics.”.
Jérôme Castella (associé de Watted)
(photographie : Anaïs Salson)
De la maîtrise scientifique à la pédagogie ludique : la genèse de WattEd
Lors d'un atelier animé par WattEd
(photographie : Anaïs Salson)
“Nous souhaitions faire de la sensibilisation, de la formation et du conseil sur tout ce qui est en lien avec l'énergie, le changement climatique et l'environnement, mais d'une manière pédagogique très différente."
L’originalité de leur approche repose sur l’utilisation de jeux et d'ateliers interactifs, rendant l’apprentissage à la fois ludique et rigoureux. "Les gens doivent sortir de nos formations en ayant passé un bon moment sans que l’on ne fasse de concession à la rigueur scientifique," précisent-ils. WattEd répond à un besoin croissant d'éducation sur les questions énergétiques et climatiques. Dans un monde où ces sujets sont souvent mal compris ou superficiellement appréhendés, l’idée est d’apporter des outils concrets pour permettre à chacune et chacun de se former, de comprendre et de prendre des décisions éclairées.
"Nous sommes vraiment dans une démarche non prescriptive : on ne dit pas aux gens ce qu'ils doivent faire, on leur permet de comprendre les enjeux. Nous sommes là pour amener de la science. Chacun d'entre nous a ses convictions personnelles, on n'est pas toujours d'accord sur tout. Mais on n'est pas là pour les convictions personnelles, on est là pour ce qui fait consensus scientifiquement, ce qui est un fait. Un fait, ça ne se discute pas. On ne dit pas qu'on est là pour l'écologie. Ce n'est pas notre positionnement du tout. Nous, on vous montre les impacts, les alternatives, les coûts, les risques, les choix possibles puis après vous choisissez ce que vous voulez.”
Une approche ludique qui ouvre le débat
Lors d'un atelier PowerPlay
(photographie : Anaïs Salson)
Nous avons assisté à l’atelier PowerPlay de WattEd…
À travers des ateliers interactifs, les participant.e.s prennent des décisions sur des trajectoires énergétiques, apprenant ainsi à mieux comprendre les enjeux climatiques. Mais WattEd ne se contente pas d'informer : “l'objectif est de permettre à chacun de se forger un avis éclairé, sans prescrire de solutions." ajoute Cédric
En chiffrant les ordres de grandeur et en intégrant des actions concrètes à leur portée, les participantes et participants prennent conscience que chaque choix compte et que certaines actions, plus simples que d’autres, peuvent avoir un grand impact. L’objectif est ardu, on longe une ligne de crête mais à travers un dialogue respectueux entre participants malgré les différences de points de vue, WattEd propose un moyen d'espoir : décomposer le défi climatique pour le rendre accessible, concret, et surtout, collectif.
Animation d'un atelier WattEd
(photographie : Anaïs Salson)
Lors de ces ateliers, ils constatent que même les personnes les plus sceptiques sont interpellées par l’approche du jeu, où chacun doit débattre, négocier, et comprendre les compromis. Jérôme se souvient : "Une personne opposée à l’énergie éolienne s'est retrouvée à défendre les éoliennes pour éviter une crise énergétique. Voir ce changement en direct, c’était marquant."
"Plus on avance dans les ateliers, plus les gens se rendent compte que certaines actions auxquelles ils pensaient donner de l’importance... sont en réalité secondaires. Cela permet de rediriger leurs efforts vers ce qui compte vraiment. Ce qui est intéressant, c'est de voir des gens changer d'avis, non pas parce qu'on les a persuadés, mais parce qu'ils ont pris conscience des faits," conclut Jérôme
Atelier PowerPlay de WattEd
(photographie : Anaïs Salson)
Éveiller l’intérêt et pousser à l’action, un atelier à la fois
La clé n'est pas de jouer sur la peur, mais de montrer ce qui est possible. Comme le souligne Jérôme, "il y a deux stratégies... soit on fait peur, soit on donne envie." Notre approche consiste à reconnaître les faits sans détour – qui sont parfois effrayants – mais à insister sur les leviers d'action concrets pour éviter le découragement.
"Les rapports scientifiques ne disent pas que tout est perdu," explique-t-il. "Il y a des leviers d'action, il ne tient qu'à nous de faire en sorte que ça change. C'est possible, on a les outils."
WattEd s’engage ainsi à transformer le choc initial en motivation et en action. "On ne juge pas les gens, ça je pense que c'est vraiment le plus important de notre action," affirme Cédric, en précisant que les participantes et participants finissent souvent par se surprendre eux-mêmes dans leurs découvertes. Il raconte une anecdote lors d’un atelier : "les participants devaient négocier en groupe sur la meilleure trajectoire énergétique. Un homme, militant anti-éolien, est venu jouer en annonçant en préambule que l’éolien ne servait à rien." À la fin de l'atelier, il a déclaré : "je n’en veux toujours pas près de chez moi mais je comprends enfin à quoi ça sert."
Pour en savoir plus sur la série et consulter les autres articles
Article 4 : Apprendre à comprendre : WattEd, l’art de démocratiser les enjeux liés à l’énergie
Article 3 : Quand une prise de conscience devient le tremplin d'une révolution durable (Yves Joliat)
Article 2 : Yaëlle Blanc : se réinventer de l'intérieur
Article 1 : Kouros Ghavami : redéfinir l’industrie brassicole avec la durabilité
Article Introductif : Envisager: donner un visage à la durabilité
Pourquoi la série Envisager ?